Ce soir là, « la scène est vide »… ou du moins, c’est ce qui fut dit.
La scène… vide. Vide, c’est à dire, sans comédiens. Pas de comédiens, mais… une scène
et des voix… La machine a une voix, des voix. Des voix qui sonorisent le vide.
« Une nature morte »… « Rien »… fut-il encore dit.
Rien ? Si. Un trou. Le trou du souffleur. Trou Empédocle. Perte chue dans le vide mais non pas pour autant perdue.
Un trou-embouchure, et puis… des spectateurs… visualisant l’espace théâtralisé dans lequel la scène, pas à pas, prend acte.
Acte… L’acte de perception est un acte complexe, ambigu, qui intervient dans la manière particulière et unique que chacun a de percevoir une image, fut-elle une nouvelle esthétique de la perception.
Car ici, nous sommes confrontés à une intelligence artificielle du sens, où l’Art devient synonyme de technè. « La question de la technique n’est autre que la question du sens aux confins ». Le sens aux confins… desquels — par le binôme « illusion-perception », et ce, au singulier — l’image tire sa puissance. Et sa surface irradie une vérité qui n’est pas révélée, mais exposée… Et là, du fond de l’image, la mort nous dévisage…
Alors, nous passons de l’autre côté du miroir. Un miroir sans tain, d’où image une danse en virtuel.
Reste le public… On l’appellerait celui qui est appelé. L’élu, peut être. Nous en parlerons une autre fois. Il était heureux ce soir là.
Michèle Jung
La Chartreuse, Villeneuve les Avignon, 10 juin 2010