Les Barbares Alexeï Maximovitch Pechkov, dit Maxime Gorki Mise en scène, Éric Lacascade Traduction, André Markowic CDN Normandie-Comédie de Caen
Je n’avais pas lu le texte… Je n’ai pas raté un mot de l’histoire, cette histoire de vies qui tournent à vide la plupart du temps. La vie… à laquelle chacun des protagonistes s’acharne à trouver une définition, sinon un sens, histoire de la rêver ou de s’en arranger. La vie… à laquelle ils cherchent vainement une issue, en désirant que quelque chose change, mais sans savoir quoi ni comment. Et, lentement, tout se détruit… La vie…
N’allez pas croire que c’est triste, on rit beaucoup à ce spectacle. « Nous ne sommes plus dans le regret du monde ancien que développent les héros tchékhoviens mais de plain-pied dans le nouveau monde, celui des barbares… dans cette Russie pré-révolutionnaire de 1905», dit le texte du programme.
Le monde des « barbares »… Le barbare… Der Unmensch…La barbarie… Le problème de fond est de déterminer si la barbarie est un fait de nature ou un fait de culture (Bildung). La question est finalement politique (cf Vocabulaire européen des ohilosophies, page 1306) : barbares sont ceux qui supportent, voire qui appellent le despotisme. Comme l’esclave dans la maison du maître, le barbare est de facto gouverné despotiquement, il a besoin d’un maître, c’est ce que nous enseigne Aristote.
Alors, dans cette pièce, qui sont les barbares ? Les habitants de cette petite ville de province oubliée de l’Empire russe, ou les deux ingénieurs qui débarquent, pour y construire un chemin de fer ?
Ne répondez pas trop vite. Allez voir cette pièce. Nous en reparlerons…
(Elle se joue dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes, en Avignon, du 17 au 25 juillet prochain).
Michèle Jung 28 juin 2006