Der Austand an sagen können…

Séminaire 2015

Nous avions pensé que la vie de Freud passée dans deux univers — slave puis autrichien — pouvait éclairer notre recherche. Mais au cours de notre séminaire 2014, il nous est apparu que c’est la langue de ses parents — mixte d’hébreu et de yiddish, la Gaunersprache — qui pouvait faire fonction de langue cachée de ses rêves. (Freud dit littéralement que « le contenu manifeste et la pensée latente du rêve s’offrent à nous comme deux présentations du même contenu en deux langues distinctes (…) »).

Nous n’avons pas souhaité expliquer une langue par l’autre, mais enrichir l’une de la présence de l’autre. Nous avons souhaité travailler le vide — la suspension — entre ces langues. « Der Ausstand an sagen können », à savoir : la perspective de ce qui reste à dire.

Cette béance au fond même de la parole, cette profondeur muette au sein du sens : stummer Tiefsinn, cet espace intermédiaire qui se découvre entre les corps des langues : l’hébreu, le tchèque, l’allemand, nous a permis de faire la jonction entre la « surface » et la « profondeur » (Husserl) de l’être.

C’est en ce sens que nous allons, en 2015, continuer le travail sur deux rêves. Celui de  « La monographie botanique ». (Die Traumdeutung. Fischer Taschenbuch Verlag, 1998 : Seiten 180, 181-188, 191 note 4, 201, 288-291, 309, 461). À plusieurs reprises, Freud répète qu’il ne peut révéler le sens du rêve de la monographie botanique « pourtant analysé à fond », car il est en étroite relation avec une scène de son enfance (scène qu’il raconte ailleurs, dans un autre texte !). Pour le second, il dit ne pouvoir exposer l’analyse de la seconde partie du rêve du « Comte Thun (ou Taaffe)» — Tafe est une prison en langue des truands —, « par égard pour la censure ».

Freud aura inventé la psychanalyse en transposant ses rêves dans une langue politiquement correcte, par crainte de représailles. “On éprouve une crainte bien compréhensible à dévoiler tant de faits intimes de sa vie personnelle. On n’est jamais assuré, ni protégé d’une interprétation erronée de la part d’étrangers” (S. Freud. Die Traumdeutung. Fischer Taschenbuch Verlag, 1998 : Seite 119)

Ce séminaire aura lieu tous les 3e lundis du mois

chez Michèle Jung en Avignon(France).

Première séance le lundi 19 janvier 2015 à 20 Uhr

Contact : Michèle Jung

06 82 57 36 68

michele.jung@kleist.fr

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Der Ausstand an sagen können…

Séminaire 2015

Wir hatten gedacht, dass das Leben Freud’s in zwei Welten — der slavischen und danach der österreichischen —, mehr Klarheit in unsere Forschungen bringen könnte. Aber, im Laufe des Seminars 2014, ist uns bewusst geworden, daß die Sprache seiner Eltern — hebraïschen und jiddisches gemischt : die Gaunersprache — eine verborgene Funktion seiner Traumsprache sein konnte. Freud sagt wortgetreu, daß “Traumgedanken und Trauminhalt liegen vor uns wie zwei Darstellungen desselben Inhaltes in zwei verschiedenen Sprachen (…)” In : Die Traumdeutung. Fischer Taschenbuch Verlag, 1998 : Seite 284”.

Wir haben nicht eine Sprache durch eine andere erklären, sondern die eine durch die Austrahlung der anderen bereichern wollen. Wir haben die Leere behandeln wollen, den Zwischenraum in der Schwebe zwischen diesen Sprachen. “Der Ausstand an sagen können”, nähmich : die Aussicht auf das, was zu sagen bleibt.

Dieser tiefe Riss — in dem Abgrund der Sprache — diese stumme Tiefe in ihrem Sinn — dieser Raum, der zwischen den Strukturen der Sprachen sichtbar wird : das Hebraïsche, das Tschechische, das Deutsche werden uns erlauben, die Verbindung zwischen der « Oberfläche » und der « Tiefe » herzustellen (Husserl).

In diesem Sinn werden wir, in 2015, diese Arbeit auf zwei Träumen fortsetzen. “Die botanische Monographie”. (In : Die Traumdeutung. Fischer Taschenbuch Verlag, 1998 : pages 180, 181-188, 191 note 4, 201, 288-291, 309, 461). Mehrmals wiederholt Freud, daß er den Sinn des Traums der botanischen Monographie — « obwohl gründlich analysiert » — nicht aufzeigen kann, weil er in engem Verhältnis mit einem Erlebnis seiner Kindheit steht (eine Szene, die er, in einem anderen Text berichtet !).

Deshalb sagt er, daß er die Analyse des zweiten Teils des Traums “Fürst Thun (oder Taaffe)”, nicht entwickeln kann — Tafe ist ein Gefängnis in der Sprache der Ganoven – in Befürchtung der Zensur. (In : Die Traumdeutung. Fischer Taschenbuch Verlag, 1998 : Seiten 217-227).

Freud wird die Psychoanalyse erfunden haben, in dem er seine Traüme in eine politisch korrekte Sprache brachte, auf Grund seiner Angst vor Verfolgung. “Man hat eine begreifliche Scheu, soviel Intimes aus seinem Seelenleben preiszugeben, weiß sich dabei auch nicht gesichert vor der Mißdeutung der Fremden” (In : Die Traumdeutung. Fischer Taschenbuch Verlag, 1998 : Seite 119).

Dieses Seminar findet jeden dritten Montag im Monat

bei Michèle Jung in Avignon (Frankreich) statt.

Erste Sitzung am Montag 19. Januar 2015 um 20 Uhr

Contact : Michèle Jung

06 82 57 36 68

michele.jung@kleist.fr

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Ein unheimliches Schweigen…

Freud par Ralf Staedman

Freud par Ralf Staedman (1980)

 

Ein unheimliches Schweigen…

In « Wien » — « die Wiege » der Psychoanalyse genannt — fühlt sich Freud eingekreist (besser gesagt : « eingekastelt ») Er fühlt sich dort nicht wohl. Es ist ihm unheimlich. Das Unheimliche befindet sich im Herzen der Kinderwelt, und so ist es sonderbar, daß Freud seine vier ersten Lebensjahre mit einem Federstrich auslöschte : unheimliches Schweigen, das das Wesentliche der Sprache ist. Also, heißt es an den heimatlichen Ort zurückzukehren, den heimatlichen Ort, wo das Kind — wie Freud es wollte — den Urzustand wiederfinden kann, wo es selbst und die Welt nicht getrennt sind. (Cf Lettre au Burgmeister de Pribor). Den Ursprungsort herausfischen — Pribor, der im Fluss Lethe versunken, diesem Strom der Vergessenheit für die, die sein Wasser getrunken haben.

Die Vergangenheit vergessen…

Vergessen… die zwei Jahre mit Monika Zajic, dem tschechischen Kindermädchen, das ihm Abzählwerse sang und ihm die berühmten Märchen von Hauff — und nicht die von Grimm — erzählte ;

Vergessen… daß sie vom Onkel Emmanuel ins Gefängnis geworfen wurde (« eingekastelt »1), weil sie « Peniz » gestohlen hatte, Freud war zwei einhalb Jahre alt ;

Vergessen… Rebecca, die zweite Frau seines Vaters. Unfruchtbar, verstoßen, stirbt sie einen rätselhaften Tod (Selbstmord ? 2), in derselben Zeit, wo die zukünftige dritte Frau Jakob Freuds, Amalia, schwanger ist ;

Vergessen… daß das Ehepaar diese voreheliche Schwangerschaft mit einem gefälschten Geburtsdatum dieses Kindes — Sigmund genannt — verbergen wird ;

Vergessen… den jüdischen Namen seines Großvaters, der dem Seinen anhing — Salomon — und die jiddische Sprache, die dazu gehörte…

Michèle Jung, Avignon

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Todestag…

Voguer vers l'Île aux Paons. Photo Michèle Jung

Voguer vers l'Île aux Paons. Photo Michèle Jung

Le mercredi 20 novembre 1811, entre deux et trois heures de l’après-midi, un couple descend d’une calèche devant une auberge de Potsdam, près du Wannsee. Le temps est gris et brumeux en cette saison, les aubergistes de la « Neuer Krug » n’ont guère de clients. Ces deux-ci — un homme et une femme — demandent deux chambres contiguës à Madame Stimming. Ils y déposent leurs rares bagages, et sortent se promener. Comme il n’existe pas de bateau pour traverser le Petit-Wannsee, ils contournent à pied l’une de ses boucles, le jour tombe, le brouillard jette des ombres à la surface du lac. À leur retour, ils commandent un repas léger, de quoi écrire et de quoi s’éclairer. Chacun gagne alors sa chambre où Riebisch, un garçon de l’auberge, a allumé du feu. Dans la soirée, ils descendent boire un café. Tard dans la nuit, ils vont et viennent encore dans leurs chambres en buvant du vin et du rhum, ils écrivent aussi.

Vers quatre heures du matin, Henriette Vogel, puisque c’est elle, descend commander du café, puis encore à sept heures. Dans la matinée, Heinrich von Kleist, puisque c’est lui, paye la note et, précisant qu’ils ne déjeuneront pas à midi, il commande deux lits supplémentaires et établit un menu à l’intention de deux invités qu’ils auront le soir. Peu avant midi, ils dépêchent un commissionnaire à Berlin pour qu’il y porte une lettre, ils remontent dans leur chambre après avoir bu quelques tasses de bouillon. Vers quatorze heures, ils bavardent avec l’aubergiste et lui demandent, en particulier, où se trouvent les Îles aux Paons qu’ils souhaiteraient visiter, mais avant, disent-ils, ils auraient beaucoup de plaisir à prendre le café au bord du lac. Vu la saison, la demande est étrange, et l’endroit choisi se trouve à cinq cents mètres de l’auberge ! Kleist fait remarquer qu’il paiera pour la peine et voudrait qu’on ajoute, pour lui, huit « Groschen » de rhum car la brume commence à tomber et il fait froid. Stimming accepte. Il fait transporter là-bas une table et deux chaises. À trois heures, sa servante s’y rend avec le café, comme prévu. Le couple, joyeux, s’amuse à lancer des pierres qu’il fait ricocher à la surface de l’eau. La servante s’éloigne, elle entend alors deux détonations. Quand elle revient, elle découvre deux corps l’un près de l’autre : la dame, revêtue d’une robe de batiste blanc, d’une fine tunique bleue en crêpe et de gants blancs en chevreau glacé, a une tache de sang sous le sein gauche ; son compagnon, habillé d’une redingote de drap marron, d’une veste de batiste, d’une culotte de drap gris et de bottes, a le visage maculé de sang autour de la bouche. Le soleil s’est couché, à l’horizon un mur de brouillard s’élève — gris-bleu au-dessus de l’eau et des arbres, jaune flamboyant plus haut dans le ciel…

L’annonce de ces deux coups de feu sort le monde littéraire de l’indifférence à l’égard de Kleist.

Michèle Jung, Avignon, 21 novembre 2014

La Chair de Felani…

 

Photo : Anna David

 

Tout a commencé un matin de printemps par un coup de cisaille sur un barbelé… et fini un soir d’automne par un coup de pioche sur un mur. Entre les deux, l’Histoire a vacillé, puis basculé…

Ce 9 décembre, nous fêtons les 25 ans de la chute du Mur de Berlin qui mesurait 165,7 km, coupait 32 voies ferrées, 3 autoroutes et des dizaines de rivières !

Hier matin, sur France Culture, Thomas Cluzel, nous disait qu’il existe — encore aujourd’hui — près d’une cinquantaine de murs, et pas seulement autour d’Etats dictatoriaux ou placés au ban des nations. Autrement dit, au moment même où l’Allemagne s’apprête à célébrer ce 25e anniversaire, les symboles de séparation, eux, prolifèrent plus que jamais : un monde de barrières de protection, à la fois militaire, anti-terroriste ou anti-immigration.

Prenez, je vous prie, cinq minutes de votre temps pour écouter cet éditorial,

qui vous donnera la clé du titre de ce billet.

Michèle Jung

En finir avec…

Hélène Arnal. "Dessins de la colère" (1,20-1,10)

Hélène Arnal. "Dessins de la colère" (1,20-1,10)

 

… avec Eddy Bellegueule, c’est le premier roman d’Édouard LOUIS, un jeune homme de 21 ans, étudiant en sociologie à Normale-Sup. ; il dirige la collection « Des mots » aux Presses Universitaires de France. C’est son premier roman, mais il a déjà publié Pierre Bourdieu, l’insoumission en héritage (PUF, 2014). «Aux âmes bien nées, disait Corneille, la valeur n’attend pas le nombre des années.» … !

En finir avec Eddy Bellegueule — l’insoumis, l’insurgé contre ses parents, contre la pauvreté, contre sa classe sociale raciste et violente — est un geste d’insurrection par l’écriture. La lecture de Marguerite Duras, de Didier Éribon, de Pierre Bourdieu… permet à Édouard Louis de réaliser que la violence est produite par des structures sociales, et de mettre en écriture cette violence au quotidien dont il est victime. Il peut alors envisager la fuite comme solution : « Moi qui ne pouvais être l’un des leurs, je devais tout rejeter de ce monde », la fuite devient pour lui un acte révolutionnaire et non une lâcheté.

En tant que psychanalyste, cette lecture m’a amenée à me poser la question différemment. J’en ai profité pour relire huit récits cliniques, où Pierre Kammerer (psychanalyste) relate la cure psychanalytique d’adultes qui ont subi, dans l’enfance, la haine de ceux qui étaient censés les aimer, leur père ou leur mère. Ce qui caractérise ces patients, c’est l’aveuglement dans lequel ils se sont enfermés pour ne pas démasquer la perversion d’un parent dont ils ne désespéraient pas d’être aimés. Pierre Kammerer parle d’une «clinique du témoin» où l’analyste réintroduit la Loi Symbolique (interdit du meurtre, de l’inceste…), prenant ainsi la place de l’autre parent, celui qui, au moment du trauma, s’était absenté alors qu’il aurait dû l’empêcher. (Cf. L’enfant et ses meurtriers. Psychanalyse de la haine et de l’aveuglement, Gallimard 2014).

En Avignon-Festival, dans le Off, on peut voir Retour à Reims de Didier Eribbon, le récit de ses retrouvailles avec sa famille d’origine ouvrière dont il s’était détourné pendant plus de trente ans :

http://culturebox.francetvinfo.fr/festivals/avignon-off/off-davignon-on-court-voir-ladaptation-du-retour-a-reims-de-didier-eribon-159939

Michèle Jung, Avignon, juillet 2014

 

 

 

 

Kleist in Avignon…

BühnenskizzeWangelinLpz1969

BühnenskizzeWangelinLpz1969

Maison Jean Vilar

7 juillet 2014, 11h30

Giorgio Barberio Corsetti et Le Prince de Hombourg 

À cette date, Corsetti aura osé affronter Hombourg dans la cour d’honneur sans Gérard Philipe ! Ses interprètes — Xavier Gallais, Anne Alvaro… — auront offert une vie nouvelle au prince somnambule, homme d’action et de cœur, et seront sans aucun doute l’objet de débats passionnés.

Je conduirai cette rencontre après avoir resitué Le Prince de Hombourg dans le contexte prussien de son écriture, puis dans sa récupération par le régime National Socialiste, enfin dans ses différentes versions scéniques en R.D.A. jusqu’à sa « libération » par Jean Vilar… et par Giogio Barberio Corsetti, 63 ans plus tard !

Par ailleurs, dans l’exposition consacrée à la mise en scène du Prince de Hombourg par Jean Vilar en 1951 — exposition qui occupera le Hall de la Maison — vous découvrirez des documents sur des mises en scène allemandes (de l’Est et de l’Ouest) qui ont eu lieu entre 1959-2013. Elles nous ont été envoyées par le Kleist-Museum de Frankfurt sur l’Oder. (Ville natale de Kleist).

Michèle Jung, Avignon

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Evidence…

 

Photo : Michèle Jung

Photo : Michèle Jung

 

Der chinesische zeitgenössische Künstler Ai Weiwei zeigt seine weltweit größte Einzelausstellung im Martin-Gropius-Bau (Berlin) in 18 Räumen auf 3000 Quadrat meter, sowie im spektakulären Lichthof.

In diesem Lichthof montiert der Künstler 6 000 einfache hölzerne Stühle (Stools, 2014), wie sie auf dem Land seit der Ming-Zeit (1368-1644) Verwendung finden : ein eindrucksvoll ästhetisches, pixelartiges Werk (Voir photo ci-dessus).

Evidence… ist der Titel dieser politischen Ausstellung, wo Ai Weiwei, der Künstler, Architekt und Politiker ist, sich nicht mundtot machen lässt. Seine Konzeptkunst ist revolutionär für China, ein Land, das den Künstlern bis dahin nur bestimmte Ausdrucksformen gestattete.

Noch darf der 56-Jährige allerdings nicht ausreisen aus China. Sein Reisepass wurde ihm abgenommen. So bleibt er ein Gefangener im eigenen Land !

 

Ornella, Berlin, 4 avril 2014

Schreiben, um die Rede…

 

Photo : Anna David

Psychoanalytisches Seminar Kunst & Klinik

 

Die Struktur der Perversion im Licht des Kinos und der Literatur.

Was kann die Kunst der psychoanalytischen Klinik beibringen ? Jenseits einer bloßen Anwendung der Psychoanalyse auf die Kunst werden Kunstwerke als Gelegenheit genommen, die Praxis der Psychoanalyse – sowie ihre Theorie – zu hinterfragen, zu illustrieren, zu bereichern, zu erweitern.

Als Thema für 2013 und 2014 wurde „Perversion“ gewählt : Was ist eigentlich mit Perversion gemeint?

Geht es um eine Abweichung von der „normalen“ Sexualität, um eine jedem inhärente sexuelle Verhaltensweise, um die Struktur einer Beziehung zum a/Anderen ?

Das Seminar soll sich im Monatsrhythmus abwechselnd mit Film und Literatur beschäftigen.


Leitung

Literaturabend, Sandrine Aumercier

Filmabend, Lic. Alejandra Barron


Termin
Literaturabend, den 5. April

18 Uhr

Penthesilea von Heinrich von Kleist.

Vortrag von Michèle Jung : „Schreiben, um die Rede wieder aufzunehmen“

(Ecrire pour reprendre la parole)

www.kleist.fr


Ort

Psychoanalytische Bibliothek Berlin

Hardenbergstr. 9, 10623 Berlin

Eingang links, Hinterhaus, Erdgeschoss.

www.psybi-berlin.de